Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

« Terrifier 3 » : Noël passé à la tronçonneuse

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Le troisième épisode de la saga horrifique Terrifier vient d’être frappé, sur avis de la commission de classification, d’une interdiction aux moins de 18 ans. Celle-ci avait été, pendant longtemps, uniquement réservée aux films considérés comme pornographiques, selon les principes de ce que l’on a appelé la loi X dont l’application reléguait les œuvres qui étaient touchées par cette marque d’infamie à un ghetto de salles spécialisées. La production pornographique a depuis longtemps disparu des salles de cinéma pour vivre sa vie ailleurs, sur les écrans privés de la vidéo et d’Internet et, de fait, la mesure de restriction correspondante.
Mais l’interdiction aux moins de 18 ans a fait un retour, par décret du 12 juillet 2001, à un moment où l’on pensait que celle qui ne concernait que les moins de 16 ans serait insuffisante face aux tentatives d’un certain cinéma dit d’auteur ayant recours à une rhétorique venue de la pornographie, telle la représentation d’actes sexuels non simulés.
C’est la sortie du film de Virginie Despentes, Baise-moi (2000), qui avait été à l’origine de la résurrection de cette mesure, vue alors comme une manière, paradoxale certes, de protéger un cinéma personnel et ambitieux, très éloigné de l’exploitation vulgaire et mercantile, en lui permettant malgré tout d’être diffusé en salles.
Peu, à l’époque, avaient protesté contre cette « vertueuse » mesure en signalant qu’elle constituait un outil supplémentaire entre les mains de la censure cinématographique. A raison. Elle frappe désormais le cinéma d’horreur dans certaines de ses manifestations les plus violentes, privant ainsi distributeurs et producteurs d’une frange du public jeune, grand amateur d’épouvante cinématographique.
Certes, le personnage principal de la série des Terrifier est un clown monstrueux et muet dont la seule occupation semble être de torturer et de tuer son prochain avec divers raffinements de férocité. Le principal défaut que l’on pourrait reprocher à ces films constitue, en fait, leur qualité même. La violence n’y est pas justifiée par quelque chose qui la transcenderait, qui la justifierait ou qui l’expliquerait, par la psychologie ou le mythe par exemple. Elle représente, en elle-même, dans ses manifestations spectaculaires et atroces, la matrice d’un théâtre de la cruauté dont la nature profonde résiderait dans les peurs les plus enfouies du spectateur, dans les sensations les plus angoissantes, dans une obscure pulsion d’assouvissement.
Il vous reste 38.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish