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Dans son roman Le soleil se lève aussi (1926), Ernest Hemingway avait imaginé un dialogue entre deux anciens combattants alcooliques dans lequel le premier demande au second comment il a fait faillite. La réponse est devenue mythique : « Progressivement d’abord, et puis brutalement. » La réalité américaine est en passe de rejoindre le mythe avec le programme des deux candidats à la présidence des Etats-Unis, le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris. Le déficit public du pays est hors de contrôle, atteignant, pour l’exercice clos le 30 septembre, 6,3 % du PIB, soit 1 830 milliards de dollars (1 660 milliards d’euros), selon l’office budgétaire du Congrès. Ce déficit est deux fois supérieur au niveau de 2019, dernière année « normale » du mandat de Donald Trump.
L’administration Biden laisse donc une situation dégradée, en dépit de la croissance retrouvée depuis la pandémie de Covid-19 et du plein-emploi. Et cela va s’aggraver. Le programme de Donald Trump, fait de nouvelles baisses d’impôts, ne peut qu’accélérer cette dérive, tandis que celui de Mme Harris, fort de dépenses sociales supplémentaires, ne résout nullement le problème. Pour reprendre M. Hemingway, l’affaire s’annonce « brutale » pour le républicain, « progressive d’abord » pour la démocrate.
Les dépenses fédérales sont de 23,3 % du PIB, et les recettes sont limitées à 17 %. Pour combler le trou, il faudrait en théorie augmenter les impôts de 37 % ou réduire drastiquement les dépenses. Nul ne le veut, même si M. Trump compte charger Elon Musk, patron de Tesla et de SpaceX, d’une mission d’examen des dépenses publiques. Dans une étude publiée lundi 7 octobre, le Committee for a Responsible Federal Budget, organisme indépendant, déplore qu’« aucun candidat n’a[it] présenté un plan pour traiter le problème du fardeau croissant de la dette ».
Son scénario central prévoit que, sous Mme Harris, la dette augmenterait de 3 500 milliards de dollars pour atteindre 133 % du PIB en 2035, tandis que M. Trump la ferait bondir de 7 500 milliards de dollars, soit 142 % du PIB, contre 100 % aujourd’hui. A politique inchangée, la dette passerait à 125 %. « La dette fédérale monte en flèche. Voici pourquoi Trump et Harris n’en parlent pas », a titré le Wall Street Journal dans une longue enquête, le 16 septembre, pointant que « les deux candidats ont fait partie d’administrations qui ont produit des déficits croissants. Aucun des deux n’est susceptible d’inverser cette tendance s’il est élu ».
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